Ah, mes amis !
Alors, vous, je ne sais pas, mais moi, pendant cet épisode, je me suis éclaté comme un fou, et, si j'avais un peu peur de la direction prise par le show lors du 2.09, là je suis totalement rassuré. Alors, oui, bon, certes, il n'y a pas d'action, ni d'insoutenable suspense, mais au niveau de ce que j'aime dans la série, la psychologie des personnages, toute en nuance et pas martelée à grands coups de burin, j'ai été servi.
Il y a cet intriguant "Over", où on se demande bien ce qui va être terminé, "accompli" : la fabrication de drogues ? La fin de l'attente de résultats angoissants ? Quoi ?
La première scène, la fête en l'honneur de la réduction de la tumeur, est magique, avec un Walt qui, comme lors de la séquence du coussin dans la saison 1, est le seul qui semble s'en foutre magistralement, ne pas avoir sa place ici, et qui va singer la philosophie viriliste d'Hank en faisant picoler son fils. génial la façon dont Hank passe de l'étonnement amusé, celui d'un cancre au collège surpris que l'intello de la classe mate des films pornos et fume en cachette, lors du premier verre, à son inverse, en s'érigeant en gardien des valeurs morales et familiales, prolongeant l'inversion des rôles dont je parlais quelques épisodes avant. Et puis, sublime, la confrontation de Walt, qui, pour prolonger la métaphore collégienne, semble simplement avoir cherché le conflit, le "concours de bites", en somme.
Lors du reste de l'épisode, on comprend qu'en fait, Walt cherche un sens à donner à sa vie. Skyler me faisait remarquer qu'il y avait eu notamment un parallèle dans Desperate Housewives (et, d'ailleurs, d'autres fictions), où Lynette tentait d'exorciser son cancer en bossant jusqu'à se rendre malade. Walt va mettre toute son énergie à s'attaquer à je ne sais plus quel parasite qui soi-disant, ronge la maison et fait pourrir le plancher.
On constate alors, lors notamment d'un déjeuner mémorable où il ne prend pas le temps de s'asseoir et mange sur le pouce deux bous de pain, encore en combinaison et masque à gaz, le décalage, l'écart qui se creuse toujours plus avec le reste de sa famille, et la pauvre Skyler résignée. Skyler qui, au boulot, de façon logique, continue de se rapprocher lentement de son chef, Ted, et ne retire plus sa main de la sienne lorsqu'il la lui prend. Et ce décalage montre, en creux, ce que disait Fabulio, ici ou sur son blog, à savoir que la vraie relation filiale entretenue par Walt se fait avec Jesse, le seul à qui il se confie, qu'il éduque, à qui il apprend des choses, connaissances ou valeurs, comme à un fils.
Et, avec cette famille d'adoption, se dessine alors la thèse de l'épisode, à savoir que ce qui n'était au début qu'une obligation pour nourrir sa famille se transforme peu à peu en "vocation" : Walt prenait les risques les plus inconsidérés, n'ayant rien à perdre, mais se rend compte qu'il a pris goût à cette vie, qu'il
aime être un gangster. La vente de meth a redonné un sens à sa vie, et lui a redonné une vitalité nouvelle qu'il tente de canaliser dans des travaux ménagers, en vain.
Et arrive cette dernière scène, magnifique, sur le parking du bricomarché local avec TLZ de TV on the Radio en toile de fond où il vient délibérément se planter devant deux concurrents pour lui dire de dégager de son territoire, et les deux autres de décamper. Cette intensité magique, ce charisme dans le regard (Cranston en route vers l'Emmy du meilleur acteur, sans aucun doute), la haine farouche dans ses yeux de gringalet chétif et cancéreux, rha quelle séquence... Sacré épisode...
Quant à la suite, je me suis fait la remarque que, jusqu'à présent, Walt n'était encore tombé sur aucune embûche... Les coups les plus fourrés, les plus risqués, les plus audacieux, il s'en était toujours sorti avec panache et sans une égratignure, ce qui doit le conforter dans le sentiment de toute puissance apporté par la vie de gangster. Mais ça ne m'étonnerait pas que le retour de bâton arrive plus vite que prévu.
Sur ce, je vais voir le 11.